Graduel de Saint-Mihiel ouvert |
Pensées sauvages sur feuille d'or dans une lettre majuscule |
Myrtilles et fleur de mouron rouge dans une marge composée d'entrelacs végétaux |
Le Cercle d’Études Locales du Toulois reprendra son cycle de conférences à la salle des Adjudications, le mardi 13 octobre à 20h30. L’ordre du jour prévoit une conférence intitulée "Le Graduel de Saint-Mihiel - De la nature aux grotesques", donnée par Patrice Robaine, membre du Conseil d’administration de Floraine.
L’ancienne abbaye bénédictine Saint Michel de Saint-Mihiel, dans ses murs du 18ème siècle (aujourd’hui bibliothèque municipale), abrite un livre religieux prestigieux, élaboré par les moines à partir de la deuxième moitié du 15ème siècle, un graduel, ouvrage contenant les chants latins des dimanches et fêtes de l’année liturgique. Constitué à l’origine de 280 feuillets en peau de mouton, il est illustré de magnifiques enluminures comportant des marges décorées de motifs végétaux et de majuscules capitulaires. Les paroles, souvent abrégées des chants latins en lettres gothiques, sont placées dessous les portées à 4 lignes rouges, où des notes rectangulaires noires scandent les mélodies grégoriennes. L’association Floraine, qui regroupe des botanistes lorrains, a été sollicitée pour identifier ses plantes, ses animaux, et recenser ses personnages grotesques, tous représentés soigneusement dans le graduel. Dix-sept fleurs ou plantes, présentes à l’époque dans les jardins des monastères et bien présentes dans la nature lorraine, illustrent remarquablement encore ses pages, elles évoquent des particularités religieuses et médicinales depuis l’Antiquité jusqu’à la Renaissance. Neuf animaux ont été également dessinés, souvent associés à des croyances antérieures au 16ème siècle. Par exemple il y a dans une marge périphérique, des monstres mi humains mi bestiaux, au corps de chien et au buste humain, qui rappellent les centaures grecs antiques. Dans des majuscules ornées de végétaux stylisés, des grotesques sont de véritables caricatures contemporaines des moines copistes ou des laïcs côtoyés, avec parfois des nez crochus et tordus, des chapeaux volumineux et surchargés.
Malheureusement, l’ouvrage manuscrit, après la contre-réforme catholique (Concile de Trente), fut abandonné et progressivement pillé de ses plus belles illustrations, ceci jusqu’au 19ème siècle. Il ne compte plus à présent que 234 folios, décorés recto verso avec grande finesse, alliant couleurs et feuilles d’or, ceci avec encore parfois hélas des découpages ponctuels de vignettes, devenues vierges d’inscription après restauration.
C’est de tout cela que nous entretiendra Patrice Robaine au cours de cette conférence richement illustrée qui est ouverte à tous.
Entrée libre.
Texte : Patrice Robaine
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