Le public était venu nombreux pour assister à la conférence de Philippe Masson, historien, sur la seconde reconstruction à Toul.
La seconde reconstruction à Toul
Si Toul n'a pas été impactée par la "première reconstruction" consécutive aux destructions de la première guerre mondiale, elle est fortement concernée par la "seconde reconstruction" dont le but est de réparer les dégâts infligés aux villes après les combats de 1940.
En effet, la bataille de Toul du 18 au 22 juin 1940 (*) a détruit pratiquement tout le centre ville entre la cathédrale, la collégiale saint Gengoult et la place Curel (14 % des maisons de la ville sont détruites, 21 % endommagées). Ajouter à cela les dégâts subis à la libération (autour de Saint-Charles). La cathédrale ne fut pas épargnée. Quant à l'hôtel de ville, il avait été victime d'un incendie en décembre 1939.
C'est à l'État, donc au gouvernement de Vichy, de procéder à la reconstruction dès 1940.
Dans un premier temps, il met en place les diverses structures chargées de cette reconstruction et de hiérarchiser le rôle des divers architectes.
À noter que c'est à cette époque que le statut des architectes prend forme par la "loi du 31 décembre 1940, instituant l'ordre des architectes et réglementant le titre et la profession d'architecte".
Cette reconstruction s'opère sur une bonne décennie. Le Havre en est un exemple prestigieux, la ville reconstruite sous la direction d'Auguste Perret ayant été classée au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 2005.
Plus sobre, la reconstruction de Toul évitera tout excès de modernisme pour rester en harmonie avec le vieux Toul non touché par les bombardements.
Plusieurs projets se sont succédé.
Il s'agissait de construire une ville moderne en faisant table rase sur son aspect antérieur, d'aérer la ville avec des rues larges, des places, de favoriser son assainissement, mais également de rattraper un certain retard d'urbanisme accumulé dans les années 30 suite à la crise. Le but était d'offrir des conditions de vie agréables aux habitants en leur proposant le confort moderne, mais aussi des jardins, des lieux de promenades, davantage d'écoles. Étaient souhaités dans ces projets des lavoirs, un théâtre, une salle des fêtes, des abattoirs, un marché, un nouveau cimetière…
Des zones d’extension sont prévues au faubourg Saint-Evre et près de la Gare. Des "zones de compensation" voient aussi le jour sur d'anciens bâtiments militaire détruits (quartier Saint-Michel).
Les architectes du chantier sont : Henri Fischer (1887-1961), Gaston Schmit (1908-1994), Charles Schott (1885- ?), Jules Criqui (1883-1951), Esaïe Berard, Lucien Lafarge (1862-1942), Fernand Pierron (de Laxou) (1909-1988).
Philippe Masson a alors montré des photos des principales réalisations. Il a souligné certains détails d'apparence anodins, insistant sur le souci de diversité ayant dirigé les architectes. Le béton et la pierre ont été peu utilisés. Cette dernière a été employée essentiellement pour la place des Clercs, afin de préserver un aspect qualitatif sur la vue de la cathédrale.
Les matériaux traditionnellement utilisés à Toul sont recouverts d'enduits, parfois artistiquement texturés.
Le cas de la place des Trois Évêchés
Ses caractéristiques sont définies ainsi :
"- Ergonomie distributive d’une place circulaire,
- échelle sensiblement identique à celle-de la place des Victoires à Paris,
- sobriété, dignité, caractère de robustesse et de discipline dignes d’une place militaire, traduit par une toiture en ardoise marquant le caractère exceptionnel de la place,
- les immeubles bordant la place nouvelle seront soumis à une discipline architecturale de matériaux. Ils seront composés d’un rez-de-chaussée, d'un étage noble, d’une attique et d’une corniche."
Le projet est approuvé en décembre 1943, il ne fait pas l'unanimité chez les Toulois !
Sa réalisation a lieu entre 1946 et 1950.
En 1950, si la reconstruction est bien avancée, tout n'a pas été réalisé, notamment au niveau de l'éclairage et de la réfection des chaussées. L'hôtel de ville quant à lui ne sera restauré que dans les années 70. On peut se poser la question de savoir si l'attractivité souhaitée avait réellement fait de la ville en fait "un lieu de résidence pour Nancy" !
(*) On trouve dans Études Touloises plusieurs articles relatifs à cet épisode de l'histoire de la ville.
En effet, la bataille de Toul du 18 au 22 juin 1940 (*) a détruit pratiquement tout le centre ville entre la cathédrale, la collégiale saint Gengoult et la place Curel (14 % des maisons de la ville sont détruites, 21 % endommagées). Ajouter à cela les dégâts subis à la libération (autour de Saint-Charles). La cathédrale ne fut pas épargnée. Quant à l'hôtel de ville, il avait été victime d'un incendie en décembre 1939.
C'est à l'État, donc au gouvernement de Vichy, de procéder à la reconstruction dès 1940.
Dans un premier temps, il met en place les diverses structures chargées de cette reconstruction et de hiérarchiser le rôle des divers architectes.
À noter que c'est à cette époque que le statut des architectes prend forme par la "loi du 31 décembre 1940, instituant l'ordre des architectes et réglementant le titre et la profession d'architecte".
Cette reconstruction s'opère sur une bonne décennie. Le Havre en est un exemple prestigieux, la ville reconstruite sous la direction d'Auguste Perret ayant été classée au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 2005.
Plus sobre, la reconstruction de Toul évitera tout excès de modernisme pour rester en harmonie avec le vieux Toul non touché par les bombardements.
Plusieurs projets se sont succédé.
Il s'agissait de construire une ville moderne en faisant table rase sur son aspect antérieur, d'aérer la ville avec des rues larges, des places, de favoriser son assainissement, mais également de rattraper un certain retard d'urbanisme accumulé dans les années 30 suite à la crise. Le but était d'offrir des conditions de vie agréables aux habitants en leur proposant le confort moderne, mais aussi des jardins, des lieux de promenades, davantage d'écoles. Étaient souhaités dans ces projets des lavoirs, un théâtre, une salle des fêtes, des abattoirs, un marché, un nouveau cimetière…
Des zones d’extension sont prévues au faubourg Saint-Evre et près de la Gare. Des "zones de compensation" voient aussi le jour sur d'anciens bâtiments militaire détruits (quartier Saint-Michel).
Les architectes du chantier sont : Henri Fischer (1887-1961), Gaston Schmit (1908-1994), Charles Schott (1885- ?), Jules Criqui (1883-1951), Esaïe Berard, Lucien Lafarge (1862-1942), Fernand Pierron (de Laxou) (1909-1988).
Philippe Masson a alors montré des photos des principales réalisations. Il a souligné certains détails d'apparence anodins, insistant sur le souci de diversité ayant dirigé les architectes. Le béton et la pierre ont été peu utilisés. Cette dernière a été employée essentiellement pour la place des Clercs, afin de préserver un aspect qualitatif sur la vue de la cathédrale.
Les matériaux traditionnellement utilisés à Toul sont recouverts d'enduits, parfois artistiquement texturés.
Rue Drouas
Exemple de diversité liée à l'intervention de plusieurs architectes dans un même ilot
Un rare cas de décor avec des faïences colorées, rue du Quartier Neuf
Immeuble exceptionnel, à l'angle des rues Saint-Waast et du Chatelet
Exemple de diversité liée à l'intervention de plusieurs architectes dans un même ilot
Un rare cas de décor avec des faïences colorées, rue du Quartier Neuf
Immeuble exceptionnel, à l'angle des rues Saint-Waast et du Chatelet
Le cas de la place des Trois Évêchés
Ses caractéristiques sont définies ainsi :
"- Ergonomie distributive d’une place circulaire,
- échelle sensiblement identique à celle-de la place des Victoires à Paris,
- sobriété, dignité, caractère de robustesse et de discipline dignes d’une place militaire, traduit par une toiture en ardoise marquant le caractère exceptionnel de la place,
- les immeubles bordant la place nouvelle seront soumis à une discipline architecturale de matériaux. Ils seront composés d’un rez-de-chaussée, d'un étage noble, d’une attique et d’une corniche."
Le projet est approuvé en décembre 1943, il ne fait pas l'unanimité chez les Toulois !
Sa réalisation a lieu entre 1946 et 1950.
Place des Trois Évêchés, dite "place Ronde", vue depuis la tour sud de la cathédrale
En 1950, si la reconstruction est bien avancée, tout n'a pas été réalisé, notamment au niveau de l'éclairage et de la réfection des chaussées. L'hôtel de ville quant à lui ne sera restauré que dans les années 70. On peut se poser la question de savoir si l'attractivité souhaitée avait réellement fait de la ville en fait "un lieu de résidence pour Nancy" !
(*) On trouve dans Études Touloises plusieurs articles relatifs à cet épisode de l'histoire de la ville.