Philippe Masson, président du CELT, accueille le conférencier
C'est dans des circonstances assez particulières que le musée de Toul est entré en possession d'une pierre.
Le musée est prévenu le 17 novembre 2011 par un coup de téléphone brusquement interrompu, (l'interlocuteur non identifié ne rappellera jamais) qu'une pierre portant des inscriptions a été dégagée dans un chantier et qu'elle a été mise à l'abri grâce à une pelleteuse sous un pont enjambant le ruisseau de la Naux, près de Francheville (54).
Pascal Vipard
Depuis lors, Pascal Vipard, épigraphiste, maître de conférences d'Antiquités Nationales à l'Université de Lorraine, en a étudié l'inscription et a partagé, avec le public toulois, le fruit de 6 années de recherches sur le point d'être publiées. Pour des raisons de droit de propriété scientifique, nous ne dévoilerons pas ici le déchiffrage de l'inscription.
La pierre calcaire pesant 70 kg est dans un parfait état de conservation, tout comme l'inscription en latin, d'un graphisme irréprochable. C'est un hommage de Toul à l'empereur Auguste.
On peut y lire :
IMP.CAESARI.DIVI F
AVGVSTO.IMP.XIII TR
IB.POT.XII.PONT.MAX
COS.XI.RES.PCOLON
IAE.AVG.TVLLO.LOVCO
DD
AVGVSTO.IMP.XIII TR
IB.POT.XII.PONT.MAX
COS.XI.RES.PCOLON
IAE.AVG.TVLLO.LOVCO
DD
Le chercheur, après avoir aisément développé les termes abrégés (ce qui était courant à l'époque) s'est employé à en analyser chaque passage.
Il est question d'Auguste, de la res publica, de la colonie de Toul et des Leuques.
Cependant, des étrangetés deviennent évidentes au chercheur qui démontre point par point les erreurs liées aux divers éléments du texte, chacun pouvant s'expliquer, se justifier, mais dont l'accumulation est troublante.
Ce qui conduit à conclure que cette pierre, découverte dans des circonstances peu claires, comportant une accumulation statistiquement anormale de "bizarreries", oblige, par prudence scientifique, à rejeter le texte en tant que source historique et à décréter qu'il s'agit d'un faux à plus de 9 chances sur 10.
À l'issue de la conférence, la pierre a retrouvé les caves du musée en compagnie de réserves qu'elle n'avait jamais quittées.