Si son nom semble aujourd’hui indissociable de l’idée de maladie psychique -dans les cours d’école, l’injure suprême consistait à se traiter de "bon pour Maréville" - cet hôpital a pourtant d’abord été conçu pour accueillir des pestiférés (à l’écart de la ville, afin d’éloigner tout risque de contagion). Nous sommes alors en 1597, et Anne Fériet, une bourgeoise de Nancy émue par la misère et l’abandon des malades, a donné par testament un legs 30 000 francs pour leur prise en charge. L’évolution vers un traitement des maladie mentales n’apparaît qu'un siècle plus tard, lorsque le duc Léopold en fait une "renfermerie pour jeunes gens vicieux". (Sic)
Sous le premier empire, on construit de nouveaux bâtiments destinés à accueillir des aliénés, sa gestion est confiée aux religieuses de l’ordre de Saint Charles. Une ferme y est adjointe avec 7 chevaux, 40 vaches et 500 porcs : il faut nourrir non seulement les malades (entre 2 000 et 3 000 pendant tout le 19e siècle et jusqu’aux années 1970), mais aussi les soignants, le personnel de service, administratif…
Si la loi de 1838 dite "des aliénés" constitue un net progrès (on parle désormais de "malades" et non plus de "possédés") la simple évocation des traitements qui leur sont infligés pendant près d’un siècle donne froid dans le dos : camisoles de force, hydrothérapie, saignées, qui seront suivis plus tard de lobotomies, électrochocs… Le nombre élevé de suicides en dit long sur la violence de ces "soins". Les années 1950 constituent un tournant avec l’apparition des premiers neuroleptiques.
Coup de théâtre en 1973 : dans un article intitulé "l’hôpital psychiatrique de Laxou : c’est l’horreur !", l’hebdomadaire l’Express dénonce la surpopulation, les mauvais traitements, l’alimentation détestable, le manque de soins et de matériels... etc. Cet "électrochoc" journalistique aura du moins eu le mérite d’entraîner toute une série de mesures d’amélioration au bénéfice des malades. Interné en 1943 sur ordre de Laval, Edouard Herriot avait pu bénéficier de conditions privilégiées, dans un appartement de 3 pièces qu’il partageait avec son épouse, mais quand même sous la surveillance de soldats SS.
Le nombre de malades accueillis (2 200 en 1970) n’est plus que de 350, du fait de la généralisation des soins à domicile, notamment par le biais d’appartements thérapeutiques. Mais pour continuer à progresser, la médecine psychique a besoin d’appuis. Et le conférencier de conclure : "pas de vocation pour une Anne Fériet contemporaine ?".
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