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mercredi 23 janvier 2019

Médecine de guerre [Compte-rendu de la conférence du 22 janvier 2019]


"La Grande Guerre, responsable d’un nombre massif de morts et blessés, fut d’abord l’occasion de revoir dans l’urgence, dès septembre 1914, la stratégie irréaliste et inadapté du Service de santé militaire (SSM) : il fallut faire place immédiate à la chirurgie de l’Avent et au triage raisonné des blessés, à chaque étape de la chaîne d’évacuation, deux piliers plus que jamais d’actualité en OPEX (opérations en extérieur), et lors de catastrophes ou de terrorisme de masse.
Ce fut l’occasion, en l’absence d’antibiotiques, de prévenir la gangrène gazeuse toujours mortelle, par l’usage de la liqueur de Dakin et Carrel ; de progresser dans la chirurgie et le traitement orthopédique des membres, d’inventer au Val-de-Grâce les techniques de soin et de réinsertion des « Gueules cassées » (les blessures faciales étant une nouveauté à soigner); d’améliorer les techniques d’anesthésie déjà connues et de découvrir la prise en charge du « choc de guerre » (hémorragique et/ou infectieux principalement) ; de créer la radiologie de l’Avant avec les véhicules spécifiques du SSM complétés plus tard par ceux de la courageuse Marie Curie, permettant de repérer les projectiles dans les trois plans de l’espace, grâce, par exemple, au compas du médecin major Hirtz ; de vaincre la terrifiante typhoïde par une vaccination de masse dans les tranchées grâce au vaccin mis au point par Hippolyte Vincent au Val-de-Grâce ; d’assurer une prévention efficace contre l’épidémie de paludisme dans l’Armée d’Orient, dont l’hématozoaire avait valu le prix Nobel (1907) à Alphonse Laveran, professeur d’hygiène au Val-de-Grâce ; d’assurer les conditions d’hygiène générales et spécifiques (typhoïde, paludisme) les meilleurs possibles ; enfin de reconnaitre puis de prendre en charge les troubles psychiatriques de guerre, des techniques tombées ensuite dans un oubli relatif jusqu’à la première guerre du Golfe, au conflit des Balkans, et aux interventions de nos soldats dans le monde, où ils sont au premier plan ; enfin d’assurer la rééducation et la réinsertion familiale et sociale des mutilés ou malades chroniques du fait de la guerre (en particulier code des pensions où la charge de la preuve – enfin ! – incombe à l’État). "
François Eulry

François Eulry
médecin général inspecteur
professeur agrégé du Val-de-Grâce
association des Amis du Musée du Val de Grâce

Au moment de poser des questions, avec Philippe Masson (président du CELT)

Monument aux brancardiers
Œuvre de Gaston Broquet
Jardin de l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris
Source de la photo

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